Au Ve siècle après JC, lors des Grandes Invasions, les Burgondes, originaires de la Baltique, s’installent dans la région et plus particulièrement dans la plaine de la Saône et fondent la Burgundia. En 534, les Francs s’emparent de la Burgondie : Mérovingiens et Carolingiens laissent à la Burgondie une certaine autonomie, mais elle subit différents partages. En réalité, la Bourgogne n'est plus qu'une appellation géographique, sans limite admnistrative précise.
En 843, le traité de Verdun donne la Bourgogne à Charles le Chauve, tandis que son frère Lothaire se voit attribuer la Bourgogne impériale, dont le nord devient ensuite le comté de Bourgogne, ou Franche-Comté. La Bourgogne passe aux Capétiens en 956 jusqu'en 1361, à la mort de Philippe de Rouvres. Jean le Bon, tuteur du jeune Philippe, récupère alors le duché. Débute alors l'âge des grands ducs de Bourgogne.
Les ducs de Bourgogne comptèrent parmi les princes les plus puissants d'Occident à la fin du Moyen Age.
Quatre ducs de Bourgogne édifièrent sur un fragment de l'antique « Burgundia » un puissant Etat Bourguignon : Philippe le Hardi (duc de 1363 à 1404), Jean sans Peur (de 1404 à 1419), Philippe le Bon (de 1419 à 1467) et Charles le Téméraire (de 1467 à 1477).
En 1363, Philippe le Hardi, fils du roi Jean le Bon, reçut en apanage le duché de Bourgogne, revenu à la Couronne après la mort du dernier duc de la famille capétienne, Philippe de Rouvres.
Son nom "le Hardi" vient de la bravoure dont il fit preuve à l'âge de 14 ans, pendant la bataille de Poitiers (1356) qui opposa l'armée du roi de France, Jean le Bon, et à celle du Prince Noir, l'héritier de trône d'Angleterre. Alors que son père, le roi Jean, était resté presque seul au milieu des Anglais, Philippe le Hardi tenta de détourner les coups. Il fut fait captif avec son père en Angleterre. Il ne reviendra qu'en 1360, après le traité de Brétigny qui livra à l'Angleterre toute la France du sud-ouest. À son retour, Jean récompense Philippe en lui donnant le duché de Touraine puis le gouvernement du duché de Bourgogne.
Le mariage de Philippe le Hardi avec Marguerite de Flandre lui apporta les comtés de Flandre, d'Artois et de Bourgogne (actuelle Franche-Comté). Frère du roi Charles V, oncle du roi Charles VI, Philippe le Hardi se sentait cependant avant tout un prince français, et joua un rôle politique de tout premier plan à la cour de France.
C’est en cherchant à maintenir cette influence que son fils Jean sans Peur se heurta au frère de Charles VI, Louis d’Orléans.
Le conflit entre les deux princes entraîna le royaume dans la guerre civile.
Les deux princes furent d’ailleurs les premières victimes de cette « guerre des Armagnacs et des Bourguignons » : Jean sans Peur fit assassiner Louis d’Orléans en 1407, le dauphin, futur Charles VII, le fit assassiner sur le pont de Montereau en 1419.
Philippe le Bon, appelé "le grand-duc d'Occident", est le représentant le plus illustre de la maison de Bourgogne. Né à Dijon en 1419 et il passa son enfance en Bourgogne puis reçut à Gand, une éducation de culture française. L'assassinat de son père Jean sans Peur, le marqua profondément. Il décida, après la mort tragique de son père, de ne jamais quitter les couleurs du deuil et de les imposer aux gens de sa maison et à tous les archers de ses « gardes de guerre » et ordinaires.
Placé à la tête de la maison de Bourgogne, qui traversait alors une période difficile, Philippe le Bon rechercha une alliance anglaise contre Charles VII, comme moyen de vengeance.
Dans le contexte de la guerre de Cent ans, qui opposait la France et l’Angleterre depuis le milieu du XIVe siècle, les armées bourguignonnes étaient aguerries et commandées par de bons capitaines. Elles comnbattirent ainsi à Compiègne les assauts de Jeanne d'Arc et du duc d'Alençon. Un des capitaines du duc de Bourgogne, Jean de Luxembourg, livra Jeanne aux Anglais contre une somme colossale. Elle fut brûlée vive le 30 mai 1431.
Philippe le Bon rendra en 1435 sa fidélité au roi de France, récompensé au traité d’Arras par d’importantes concessions territoriales (1435).
Bien que vassal du roi de France, une des constantes de la politique de Philippe le Bon a été de chercher constamment à accroître ses domaines. Il s'assura progressivement, par des mariages, des héritages, ou des achats, souvent appuyés par des opérations militaires, la maîtrise des principales principautés des Pays-Bas : Brabant et Limbourg (1430), Hainaut, Hollande, Zélande et Frise (1438), achat du Luxembourg (1441). Charles le Téméraire y ajoutera la Gueldre (1473).
Charles le Téméraire naît en 1433 et à la mort de son père Philippe le Bon, il a trente-quatre ans. Il reçoit une éducation européenne et parle le français, l’anglais et le flamand. Les efforts de Charles le Téméraire pour relier la Bourgogne et la Franche-Comté aux Pays-Bas en s’assurant de l’Alsace et de la Lorraine, ses ambitions à une couronne royale, finirent par devenir menaçants pour le royaume. Les cours européennes le surnommèrent « le Téméraire » en raison de ses ambitions démesurées et de son caractère emporté. Louis XI profita de sa mort à la bataille de Nancy, en 1477, pour rattacher la Bourgogne à la France. La fille du Téméraire, Marie, épousa Maximilien de Habsbourg et apporta les Pays-Bas et la Franche-Comté à la dynastie autrichienne. Elle mourut en 1482 d'une manière accidentelle à l'âge de 25 ans lors d'une chute de cheval, laissant deux enfants dont Marguerite, future régente des Pays Bas
Philippe le Bon sut faire naître dans ces principautés si diverses des Pays-Bas un sentiment national. Il y eut de la part de ses sujets, qu'il ne ménagea pourtant pas, une véritable affection pour ce «bon prince », laquelle se répercuta sur ses successeurs. L'union des Pays-Bas s'effectua après la mort de Charles le Téméraire autour de sa fille unique Marie de Bourgogne, consolidant l'oeuvre de Philippe. Ironie du sort, son grand-père, Philippe le Bon avait été tellement déçu par la naissance d'une petite-fille qu'il ne se rendit même pas à son baptême.
En 1526, les États de Bourgogne refusent de céder la province à Charles Quint qui doit y renoncer par la paix de Cambrai (1529), puis par le traité de Crépy (1544). En 1601, la Bourgogne s’agrandit de la Bresse, du Bugey et du Valmorey et en 1651 du comté de Charolais. Entre 1631 et 1789, les princes de Condé se succèdent comme gouverneurs du duché.
Pour en savoir + sur le duché de Bourgogne de 1476 à nos jours
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Cette étonnante construction politique donna naissance à l'un des foyers culturels et artistiques les plus fascinants de la fin du Moyen Age. La cour de Bourgogne fit briller du plus vif éclat le mode de vie aristocratique et l'imaginaire chevaleresque. Les quatre ducs, mais surtout Philippe le Hardi et Philippe le Bon, déployèrent un luxe extraordinaire, attirèrent artistes, musiciens et lettrés, multiplièrent résidences et fondations religieuses, éblouirent leurs contemporains par des fêtes mémorables. Au delà du goût personnel des princes pour les arts, ce faste devait symboliser leur puissance et établir leur prestige.
Amateur d'art comme ses frères, Charles V, roi de France, Jean, duc de Berry, et Louis, duc d'Anjou, Philippe le Hardi fit de Dijon sa capitale. Il y fonda la chartreuse de Champmol pour servir de nécropole à sa dynastie.
Pour la décoration de la Chartreuse de Champmol, les deux premiers ducs, Philippe le Hardi et Jean sans Peur, firent venir des artistes de leurs territoires septentrionaux ou des régions voisines : Jean de Malville, Claus de Werwe, Jean de Beaumetz, Jean Malouel, Henri Bellechose, dominés par la puissante personnalité de Claus Sluter. Dijon devint un des principaux foyers de création artistique des années 1400, d'où sortit l'école de sculpture bourguignonne du XVe siècle.
A l'époque de Philippe le Bon, le centre de gravité politique et artistique des Etats de Bourgogne se déplaça vers les Pays Bas. Sous l'impulsion de Van Eyck, de Robert Campin et de Roger van der Weyden, la peinture y connaissait une véritable révolution.
Le duc Philippe le Bon ne négligea pas pour autant la Bourgogne et apporta tous ses soins à la construction à Dijon d'un nouveau palais ducal. L'influence des ducs en Bougogne restera par ailleurs incontournable grâce à l'action du chancelier de Philippe le Bon : Nicolas Rolin, fondateur des Hospices de Beaune et véritable premier ministre (de 1422 à 1462), habile et dévoué.
C'est à la Sainte-Chapelle de Dijon, capitale de la première et principale de ses seigneuries, que Philippe le Bon fixa le siège en 1430 de l'un des plus prestigieux et le plus ancien d'Europe des ordres de chevalerie, l'Ordre des Chevaliers de la Toison d'Or. Le symbole renvoie à la mythologie grecque: la Toison d'or dans Jason et les Argonautes.
Cet Ordre fait écho au grand rêve de Philippe le Bon de porter la bannière royale française dans une croisade contre les Turcs. Le duc de Bourgogne voulut et prépara la croisade. En créant cet Ordre, Philippe le Bon espérait préserver l'idéal de la chevalerie, non seulement dans son propre duché mais aussi dans tous les pays d'Europe. Crée par la cour de Bourgogne, l'Ordre devint par la suite spécifique de la Maison d'Autriche.
Politiquement, il s'agissait de maintenir et de défendre l'Eglise. Le collier de l'Ordre de la Toison d'Or était fort convoité et il était considéré comme un grand honneur de faire partie de cet ordre. Cette fondation, destinée à raviver les valeurs chevaleresques et à relancer l'idée de croisade, consacrait la puissance et l'éclat des ducs de Bourgogne. Conservant son pouvoir de fascination, la Toison d'Or reste jusqu'à nos jours la plus haute expression du faste et des idéaux de la cour de Bourgogne.
Pour en savoir + :
Site musées de Bourgogne
Site d'art et d'histoire, Apparences
Histoire de la Bourgogne et de la Franche Comté