Le chancelier Rolin

La vie de Nicolas Rolin

img Nicolas RolinNicolas Rolin est né en 1376 au sein d'une famille bourgeoise d'Autun. Devenu avocat, il épouse la fille du second mari de sa mère, lors d'un triple mariage : sa mère Aimée Jugnot avec Perrenet le Mairet, bourgeois de Beaune, son frère Jean avec Jeannette le Mairet et lui-même avec Marie Le Mairet. Peu de temps après, sa mère, sa femme et sa belle-soeur meurent.
Devenu veuf, il se remarie avec Marie des Landes, mariage qui favorisa son entrée dans la bourgeoisie de Paris. De cette union, naîtra trois fils, Jean, Guilaume, Antoine et une fille Philipotte. img Nicolas RolinIl devient avocat de Jean sans Peur près du Parlement de Paris en 1408. Son frère ainé, Jean Rolin conseiller auprès du Duc meurt en 1414.

Nicolas Rolin est nommé huit ans plus tard chancelier par Philippe le Bon, ce qui fait de lui le chef du gouvernement ducal. Il ne rendra le grand sceau ducal qu'à la veille de sa mort. Toutes les affaires passent par lui, d'autant plus que Philippe le Bon s'en décharge volontiers.

Cette situation exceptionnelle permet de comprendre comment celui-ci a pu acquérir une fortune considérable pour son époque. On estimait au siècle suivant que le chancelier Rolin possédait 25 châteaux. Le chroniqueur Chastellain le décrit comme "le regardeur sur tout", qui "soloit tout gouverner tout seul, fust de guerre, fust de paix, fust en fait de finances". img Guignone de Salins

Il épouse en troisième noce, Guigone de Salins en 1423, avec qui il aura un fils, Louis Rolin. Fils de Bourgeois d'Autun, devenu seigneur d'Authumes, Nicolas Rolin est élevé à la chevalerie en 1424.
En 1443, il fonde avec son épouse l'Hôtel-Dieu de Beaune. img Hospitalière de Beaune

Il crée en 1452 un nouvel ordre religieux : Les soeurs hospitalières de Beaune. C'est lui qui commande le polyptique du Jugement dernier au peintre flamand Rogier van der Weyden, pour les hospices. Il sera par ailleurs l'un des piliers du traité d'Arras qui mis fin à la guerre de Cent ans. Il décède en 1462 en son hôtel d'Autun et il est inhumé à la colégiale Notre-Dame de la ville.

Rolin mécène

img la Vierge du Chancelier RolinLe souvenir du mécénat de Nicolas Rolin et des ses fils a été assuré par leurs fondations. Nicolas fit transformer l'église paroissale Notre-Dame de Châtel de son enfance en collégiale. Il l'a fit rebâtir et orner d'oeuvres de peinture et de sculpture, parmi lesquelles la Vierge du Chancelier Rolin de Jan Van Eyck. Le peintre Jean de Bruges était également le conseiller de Philippe le Bon, "varlet de chambre et paintre" du Duc.
Aujourd'hui au Louvre, cette oeuvre qui demeure la plus fascinante de la fin du Moyen Age est restée jusqu'à la Révolution française à Autun.

img Hôtel-Dieu de BeauneL'hôtel-Dieu voulu par Nicolas Rolin a traversé les siècles sans dommmages et fait exceptionnel en gardant sa fonction principale d'hospice-hôpital jusqu'en 1971. Sa fondation est due à la conjonction de deux facteurs. Elle intervient lors d'une grave dépression économique dans une région bouleversée par des bandes d'écorcheurs. Le chancelier est alors à l'apogée de sa carrière publique.

La charte de l'établissement est promulguée en août 1443 "pour la réception, l'usage et l'habitation des pauves malades". Rolin fixa le montant des aumônes quotidiennes en pain, le nombre de lits (30), le mode de recrutement, la régularité des messes dites à la chapelle. Accueillant les "pôvres" sur un principe de gratuité, l'établissement disposait également de 7 à 8 chambres pour les personnes d'un certain rang.

« Moi, Nicolas Rolin, chevalier, citoyen d'Autun, seigneur d’Authume et chancelier de Bourgogne, en ce jour de dimanche, le 4 du mois d’août, en l’an de Seigneur 1443 […] dans l’intérêt de mon salut, désireux d’échanger contre des biens célestes, les biens temporels […] je fonde, et dote irrévocablement en la ville de Beaune, un hôpital pour les pauvres malades, avec une chapelle, en l’honneur de Dieu et de sa glorieuse mère… »

Extrait du texte fondateur des Hospices de Beaune par Nicolas Rolin.


Il semble que la réalisation technique du chantier fut confiée au maître maçon Jean Ratheau, et au maître-charpentier Guillaume La Rathe, responsable des travaux. 8 ans après le début des travaux, les hospitalières et les premiers malades firent leur entrée le 1er janvier 1452.
Les toitures d'origine étaient couvertes pour la partie sur rue d'ardoises et les autres ailes de tuiles, plus communes dans la région. On ignore quand est apparue la polychromie.

img Le Polyptyque du Jugement dernier Une dizaine d'années après l'oeuvre de Jan Van Eyck, Nicolas Rolin et sa femme Guigone de Salins posent pour le retable de Rogier van der Weyden destiné à la chapelle de l'Hôtel-Dieu : le Polyptyque du Jugement dernier.
Ils figurent sur les faces extérieures des volets, à genoux devant les statues de saint Sébastien et de saint Antoine. L'oeuvre du peintre en titre de la ville de Bruxelles est toujours visible à l'Hôtel-Dieu.
La censure et le Polyptique du Jugement dernier
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