Souvent construite en un lieu abrité du vent du nord, la maison morvandelle avait une façade orientée au sud, pour ne rien perdre, des rayons du soleil. Elle avait un toit aigu et peu de fenêtres avec des murs fort épais.
Un rez-de-chaussée seulement, une unique pièce aux poutres mal équarries, noires et enfumées, qui faisait office à la fois de cuisine, de salle à manger et de chambre à coucher. Les lits étaient dressés dans les angles, des lits hauts qu’on ne pouvait guère atteindre qu’en montant sur une chaise ou sur un coffre.
Le toit était en chaume, de paille de seigle bien égrenée, fixée par paquets sur les lattes avec des mottes de terre retournées. Il pouvait durer entre trente et quarante ans ; jaune les premières années, il devenait grisâtre avec des taches de mousse verte au fur et à mesure que le temps passait.
La terre battue qui recouvrait le sol des bâtiments provenait de l'argile (le "cran") des environs. De petits réservoirs dus à l'extraction de l'argile se sont transformés en trous d'eau, appelés "crô d'eau".
Jeunes et vieux se côtoyaient dans la même ferme : la solitude, l’intimité n’existaient pas. Et lors des soirées frileuses, on se repliait sur des réunions entre voisins, autour de grands feux de cheminée. On bavardait, mais aussi on travaillait : les hommes faisaient des paniers et des balais de genêts, dépouillaient le maïs, ou cassaient des noix pour l’huilerie pendant que les femmes cousaient ou raccommodaient.
On mangeait du boudin, des poires d’hivers, des noix, des châtaignes grillées sur la braise et on buvait aussi - parfois de cette eau de vie qui pouvait tirer les 50 °. Et l’on racontait des histoires, où il était question de fées, de loups-garous, de revenants ou de spectres... Il faut dire que le Morvan et ses sombres forêts se prêtait bien à ces mystérieux récits.
Extrait de l'ouvrage : LE MORVAN d'Henri Nicolas aux Editions de La Taillanderie
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