Le pays des Eduens

Bibracte, capitale des Eduens

img Mt BeuvrayOn s'accorde traditionnellement à situer Bibracte sur le mont Beuvray à Saint-Léger-sous-Beuvray (Saône-et-Loire), dans le Morvan, au confluent des bassins de la Saône, de l'Yonne, de la Seine et de la Loire. Le mot Bibracte est peut-être issu du celtique biber (castor) ou du latin biffractus (doublement fortifié).

De tous temps, le Mont Beuvray a été habité ; des traces d'un peuplement néolithique antérieur ont été attestées par les fouilles. Mais, c'est entre le IIème et le Ier siècle avant J.C. que les Eduens (Haedui en latin) construisirent de toutes pièces Bibracte.
img carteA la fin de l'âge de fer, s'élevait ainsi sur le Mont Beuvray, une puissante ville gauloise. Capitale des Eduens, Bibracte était une importante plaque tournante commerciale où s'échangeaient les produits d'origines les plus diverses.

S'étalant sur une surface de 200 hectares, l'oppidum était protégé par un rempart extérieur. Un second rempart intérieur fut construit par la suite pour des raisons encore assez peu connues. Le terme oppidum, utilisé par Jules César dans ses commentaires, désigne une ville abritant une population fixe, qui pouvait en cas de danger recevoir les populations environnantes.

img Mt BeuvrayCe site remarquable, où la vue porte du Mont-Blanc aux Pyrénées, abrita à son apogée entre 5 000 et 20 000 habitants.

Quelques décennies après la défaite de Vercingétorix, la ville fut délaissée pour Autun, édifié par l'enpereur Auguste. Des cultes se poursuivent cependant dans les temples et près des fontaines. La fontaine Saint-Pierre était ainsi un lieu de culte et de pèlerinage dans laquelle on a retrouvé des pièces de monnaies et des ex-voto. Les siècles passent, la forêt recouvre peu à peu Bibracte, plongeant dans l'oubli son passé glorieux.

Seul fait marquant, la fondation d'un couvent des Cordeliers sur le Beuvray au XVè siècle qui sera brulé par les Huguenots lors des guerres de religion un siècle plus tard.

Site internet Bibracte-Mont Beuvray


Un lieu d'Histoire

En 52 avant J.-C, une assemblée générale de la Gaule fut convoquée à Bibracte ; Vercingétorix y fut proclamé par suffrage populaire chef de la coalition gauloise. Plus tard, après la défaite d'Alésia, Jules César y achevera la rédaction de ses Commentaires sur la Guerre des Gaules. On y retrouve d'ailleurs une phrase décrivant Bibracte : "oppido Haeduorum longe maximo et copiosissimo" (l’oppidum des Héduens de beaucoup le plus important et le plus riche, DBG I - 23). Il y précise que l'oppidum était le siège de l’autorité suprême (DBG VII, 55). Et il ajoute qu’aux temps anciens, ce sont les Héduens qui détenaient (en Gaule) "l’autoritas maxima" (DBG VI, 12).

img bassin Il existait un sénat réunissant les familles aristocratiques éduennes. Seul un membre de chaque famille pouvait y siéger. Au dessus, le vergobret exerçait ses fonctions pendant un an. Il lui était interdit de sortir des frontières du territoire pendant cette période. Le vergobret était élu publiquement par un conseil dirigé par les druides. Chez les Eduens, il semble qu'il exerçait aussi un rôle judiciaire. Selon César, il avait droit de vie et de mort sur ses concitoyens.
Aujourd’hui, Bibracte est un site de référence pour l’étude de la civilisation celtique.

Extraits des Commentaires de la Guerre des Gaules de Jules César

La redécouverte d'un monde oublié

img bibracteGabriel Bulliot identifia Bibracte en 1867 et y entama des fouilles (notamment le quartier artisanal celte aux alentours de la porte du Rebout), appuyé par Napoléon III. Le modeste « Hôtel des Gaules », en l'honneur de l'"autel des Gaules" érigé par l'empereur Auguste à Lyon, hébergea sur place le chercheur. Reconstruit à l'identique en 2001, l'"hôtel" abrite une petite exposition sur les fouilles du XIXe siècle.
Le résultat des recherches prouvera qu’il s’agit en effet des ruines de la cité. Un oppidum – fortification - y sera également découvert.
Joseph Déchelette reprendra les fouilles dès 1907. Bien plus tard, François Mitterrand déclarera la ville site d’intérêt national, puis un musée y sera installé dans les années 1990.

Les fouilles ont révélé depuis l’urbanisme de la cité gauloise, ses fortifications, longues de 7 km, des portes monumentales, une avenue centrale large d’environ 15 m qui traverse différents quartiers. Elles ont mis à jour des maisons avec leurs caves, des restes d’ateliers d’artisans. Mais aussi des élements plus monumentaux comme les vestiges d’une colonnade ou un bassin long de 11 m, construit en blocs taillés de granit rose. Les fouilles sont réparties sur une dizaine d’emplacements. Six chantiers sont actuellement ouverts.
Plan d'ensemble de Bibracte

Le site a la particularité d'être l’un des très rares endroits où le grand public peut découvrir sur place le travail des archéologues.
img fouilles Les objets de la vie quotidienne (amphores, céramiques, monnaies…) découverts lors des fouilles sont exposés dans le musée de la civilisation celtique, installé sur les pentes du Mont Beuvray. Dans une architecture contemporaine, l’exposition permanente offre une lecture de la civilisation celtique, au travers de ses oppida (villes fortifiées), qui parsemaient l’Europe il y a un peu plus de 2000 ans.img amphores

Un centre de recherche européen est par ailleurs situé à quatre kilomètres du Beuvray, sur la commune de Glux-en-Glenne (Nièvre). il comporte l'une des plus importantes bibliothèques sur le monde celtique, régulièrement approvisionnée par les chercheurs européens qui y amènent leurs doubles.img gif animé


Pour en savoir plus :
- "Titus Flaminius : la piste gauloise" de Jean-François Nahmias, roman policier confrontant un Romain aux Éduens, à Bibracte.
- Christian Goudineau, L’enquête de Lucius Valérius Priscus, Actes Sud, un roman policier d'un des meilleurs historiens contemporains de la Gaulle
- Christian Goudineau et Christian Peyre, Bibracte et les Éduens, À la découverte d'un peuple gaulois, éditions Errance, 1993
- Bibracte, film écrit par Jean Rouaud et réalisé par Loïc Jourdain (coproduction AMC Films et France 3 Bourgogne Franche-Comté, collection Des lieux pour mémoire) 52 minutes
- Anne-Marie Romero, Bibracte Archéologie d'une ville gauloise, Bibracte-Centre archéologique européen 2006
- Bibracte, capitale gauloise sur le mont Beuvray, collectif (Centre archéologique européen du mont Beuvray, 2001).
- Jules César, La Guerre des Gaules
- Site internet Bibracte-Mont Beuvray
- Article sur Wikipédia
Article sur www.historia.presse.fr
Article du Quid sur la Guerre des Gaules (58 à 50 ans av JC)
Dictionnaire gaulois

Les Eduens étaient régis par un chef électif dit vergobret. Les Romains firent alliance avec eux, et le sénat les proclama frères de la république. Rome profita de la rivalité qui divisait les Éduens et les Arvernes pour intervenir dans les affaires de la Gaule et l'asservir plus facilement en 57 ans av. J.-C.

Alliés des Romains qui les considéraient comme des « frères et de même sang » (commentaires de la Guerre des Gaulles, livre VI-12), ils avaient appelé ceux-ci à leur secours devant la menace des Helvètes. Selon César, l'alliance tenait à la grandeur de ce peuple qui détenait le principat de la Gaule entière. Fournisseurs de contingents militaires à César, ils se rallièrent tardivement à Vercingétorix en 52 av. J.-C.

La cité Éduenne est intégrée dans la Gaule lyonnaise après la conquête romaine, avec pour nouvelle capitale Autun (Augustodunum). L'empereur Claude leur accorda le droit de cité complet en 48, dans un discours fameux transcrits sur les Tables Claudiennes.

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Le saviez-vous ? : En -335, Alexandre le Grand se trouvait en Thrace et reçu des ambassadeurs gaulois, il les invita à déjeuner et leur demanda ce qu’ils craignaient le plus - espérant qu’ils répondraient que c’était lui – mais les gaulois répondirent qu’ils ne craignaient qu’une seule chose «que le ciel ne leur tombe sur la tête», sous entendant qu'ils ne craignaient rien. Voilà qui donna naissance à la croyance commune selon laquelle les Gaulois craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête.

Les Gaulois en chiffres :
Peuple gaulois : entre 5 et 20 millions d'habitants
Nombre de tribus : environ 500
Superficie de la Gaule : environ 100 000 hectares
(Source : Académie Clermont)

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Autun, "soeur et émule de Rome"

img auguste L'empereur Auguste entreprit d’élever à 25 km de Bibracte une cité semblable à celles qui couvraient déjà la Narbonnaise et qui étaient autant de Rome en miniature. Le nom antique est Augustodunum qui signifie forteresse d'Auguste. Celui-ci avait la volonté de créer une grande cité en Gaule qui démontrerait la puissance romaine.

C’est ainsi que naquit Augustodunum : une cité de 130 hectares protégée par une enceinte de six kilomètres de long flanquée de cinquante quatre tours dont vingt-trois existent toujours.img porte romaine

Quatre portes majestueuses s’ouvraient sur la campagne environnante où les riches propriétaires terriens exploitaient de grands domaines.

img théatre romainL’eau était acheminée par des aqueducs et la ville possédait tous les attributs dignes d’une cité impériale : un théâtre pouvant contenir 20 000 spectateurs, le plus grand de toute la Gaule, un amphithéâtre, un forum, des temples, des thermes et des demeures somptueuses.

En moins de vingt ans, Bibracte fut désertée. L’aristocratie gauloise, comblée de titres et d’honneurs, vint s’établir à Augustodunum, suivie bientôt par les artisans et les commerçants. La vie intellectuelle y était florissante et le rhéteur Eumène, né et mort à Augustodunum vers la fin du IIIè siècle ap JC, y dispensa un enseignement qui contribua à sa réputation.[...]
Carte des écoles en Gaule romaine L'éducation en Gaule (cliquer sur histoire)

Devenus citoyens romains de plein exercice par l’Edit de Caracalla, les habitants de la cité étaient des sujets loyaux de l’Empire. Cela leur coûta cher.
La période qui va de 235 à 257 est une époque tragique pour la Gaule. Les guerres civiles romaines ruinèrent le pays, et laissèrent le champ libre à des invasions.
De 257 à 267, un empire gaulois voit le jour dans un réflexe d'autodéfense, sous la conduite d’un empereur gaulois, Postume. Vers 259, les Alamans viennent ravager la Bourgogne et saccagent Autun.
img monnaie Puis, quand les légions stationnées sur le Rhin proclamèrent comme empereur un général gaulois, Victorinus, la ville refusa de reconnaître son autorité. En 268, Bibracte, la cité des Éduens, et la ville d'Autun se séparent de l'empire gaulois et appellent à leur secours l'empereur de Rome Claude II. Les forces gauloises des contrées aux alentours se ruèrent à l’assaut d’Autun. Venant de partout Besançon, Nevers, Auxerre, Langres, Troyes. Après un siège de la cité de sept mois, La ville fut prise et pillée par les "Bataves" au printemps 270. Elle n’est plus alors qu’un amas de ruines, obligeant les survivants à abandonner les quartiers situés en contrebas pour se regrouper autour du Castrum, dans la ville haute.
Victorinus fut tué au printemps ou à l'été 271, par ses troupes ou par un de ses officiers, et Tetricus lui succéda.

Vers 293, Constance Chlore fit restaurer Autun, et il inaugura quatre années plus tard dans cette même ville, les grandes écoles.

img empereur constantin En 313, l'avènement de l'empereur Constantin, qui instaure la religion chrétienne comme religion d'état par l'édit de Milan, arrête les persécutions religieuses et permet au christianisme de s'étendre dans tout l'empire. C'est d'ailleurs, entre Autun et Chalon sur Saône, que Constantin a la vision de la croix, suite à quoi il accorda la liberté religieuse aux chrétiens.img gif animé


Pour en savoir + :
Article sur Autun publié sur marianne-en-ligne.fr
Balades à Autun
Article sur Autun tiré de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert - 1751
Histoire de l'empereur Auguste
Temple de Janus
Site de la ville d'Autun

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